BIJOUX (Égypte)

BIJOUX (Égypte)
BIJOUX (Égypte)

BIJOUX, Égypte

La tombe de Toutankhamon ne donne qu’une bien pâle image des splendeurs de l’orfèvrerie égyptienne. La plupart des nécropoles furent en effet dévastées par des pillages. Il faut donc compléter les témoignages archéologiques par ce que livrent les textes et l’iconographie: les bijoux, indifféremment portés par les deux sexes, sont fréquemment représentés dans la statuaire comme dans les arts graphiques.

En dehors de leur aspect décoratif, les bijoux possédaient des fonctions magiques et religieuses à l’efficacité desquelles concouraient le décor comme les matériaux. Les Égyptiens y attachaient une forte symbolique. L’or, très abondant en Égypte et Nubie, était un gage d’éternité car assimilé à la chair des dieux. Quant aux orfèvres du Proche-Orient, ils s’approvisionnaient en Arabie ou dans les contrées montagneuses s’étendant de l’Anatolie à l’Arménie. L’argent était essentiellement extrait de la galène argentifère du Proche-Orient et du monde égéen ou des gisements d’électrum. Comme les Mésopotamiens, les Égyptiens choisissaient les pierres pour leur couleur et leur poli, et non pour leur rareté et leur pouvoir de réfraction. Ils prisaient fort la cornaline, la turquoise et le lapis-lazuli, leur accordant des vertus spécifiques. Ce dernier provenait d’Afghanistan par l’intermédiaire des marchands de l’Euphrate. Le jaspe rouge et la turquoise venaient du Sinaï, l’améthyste de Nubie. Il faut y ajouter l’amazonite bleu-vert, la calcédoine, l’obsidienne, les jaspes brun et vert, le cristal de roche des déserts. Certaines de ces pierres venant de pays lointains, les Égyptiens trouvèrent des matériaux de substitution: stéatite émaillée, «faïence» et «bleu» égyptiens, incrustation de cristal de roche sur des ciments teintés, bitume, etc. Enfin, dès le IVe millénaire on utilisait aussi l’os et les coquillages.

Souvent représentés côte à côte dans l’art égyptien, orfèvres, bronziers et lapidaires utilisaient un outillage très rudimentaire: fourneau fait d’une poterie contenant des charbons ardents; chalumeau de roseau ou outres de cuir actionnées au pied en guise de soufflet; creusets de terre, galets, marteaux de calcaire ou de bronze; ciselets et silex tranchants; forets actionnés par un archet; abrasifs comme le grès, le quartzite, le sable. C’est avec ces moyens élémentaires qu’ils pratiquaient les techniques les plus raffinées comme le travail de la feuille d’or, la confection des chaînes «colonnes» et différents types de soudure. Les procédés décoratifs étaient nombreux: l’estampage, le repoussé, la ciselure, la dorure, la niellure. C’est du Proche-Orient que vinrent la plupart des innovations comme le filigrane et la granulation. En revanche, la technique décorative du cloisonné était égyptienne.

Tributaires de la mode, les types et les formes des bijoux évoluèrent avec le temps. Quelques découvertes bien datées permettent de retracer l’histoire des parures égyptiennes. Pour l’époque thinite, ce sont les tombes d’Abydos; pour l’Ancien Empire, celle de la reine Hetephères. Dès cette période, des formes qui se perpétueront sont attestées: amulettes portées sur la poitrine; large collier de perles «ousekh» muni d’extrémités en demi-lune ou en tête de faucons; bracelets ornés de symboles du pouvoir royal ou de motifs empruntés à la nature. Datant du Moyen Empire, les tombes de Dachour et d’Illahoun ont livré des ensembles dont la sobriété et l’élégance marquent l’apogée de l’orfèvrerie égyptienne. Les «pectoraux» sont exécutés en cloisonné, comme les couronnes à décor floral et les bagues en forme de scarabée. Les guirlandes de hanches et certains bracelets sont ornés d’animaux, guépards ou lions, etc., ou de cauris. Dans le trésor de la reine Iahhotep, la richesse des matériaux contrastant avec la rudesse du décor illustre bien le style qui fleurit au début du Nouvel Empire. D’une rare sobriété, un pendentif en forme de mouche est semblable aux insignes en or qui récompensaient les militaires pour leur vaillance. De Thèbes également provient l’ensemble des trois épouses de Thoutmosis III, dont on comparera la délicatesse avec le décor chargé presque baroque des bijoux de Toutankhamon. Ces derniers comportent un grand nombre de boucles d’oreille, bijou apparu au Nouvel Empire, et des emblèmes royaux. Le caractère funéraire est affirmé par l’omniprésence d’un décor symbolique associant l’écriture aux images divines. Parmi les rares bijoux ramessides, les plus spectaculaires sont les massifs bracelets «aux canards» d’or et de lapis-lazuli trouvés dans le Delta. Les tombes royales de Tanis (\BIJOUX (Égypte) 1000 env.) contenaient des pectoraux symbolisant la course du soleil, fastueux colliers d’or pesant plus de 8 kilogrammes. Si quelques tombes privées, telle la tombe de Tchanehebou, offrent des exemples datés de la Basse Époque, ce sont les pyramides soudanaises de Nurri qui ont livré les plus remarquables bijoux de la période, perpétuant la tradition pharaonique.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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